Quand il s’agit de penser l’effet des jeux dans une pratique pédagogique, il est nécessaire de se demander s’il est possible de présenter une activité ludique sans la faire rentrer dans un cadre utilitariste, c’est-à-dire en la comprenant comme une fin en soi. Les finalités pédagogiques doivent surgir organiquement du jeu lui-même. Un jeu ne fonctionnerait pas comme jeu s’il était soumis à des fins externes (par exemple pour apprendre la grammaire), cela serait une farce, une apparence de jeu. Car jouer signifie d’abord être libre de contraintes externes et n’avoir d’autre but que la réalisation du jeu lui-même. S’il est, certes, toujours possible d’employer des jeux dans le cadre d’une pédagogie traditionnelle, le risque, cependant, c’est que ces jeux soient explicitement soumis à la structure du cours magistral. Lorsque le professeur cherche à imposer un contenu ou à tirer explicitement des “leçons” de l’activité ludique, les avantages de cette même activité sont perdus. Pour que tout le monde en bénéficie – au niveau de la motivation et de la découverte – il est nécessaire que le professeur puisse entrer dans l’esprit du jeu autant que ses élèves. Cela voudrait dire qu’il doit accepter de jouer aussi avec des éléments du cours qu’il avait pensé laisser en dehors du jeu. Évidemment ceci n’implique pas une dérive anarchique du cours. Jouer signifie avant tout se comporter suivant des règles.