La question de la temporalité est un véritable sujet pour les soins palliatifs : quel est le bon moment pour proposer l’introduction de soins palliatifs dans un parcours de vie ? Quel est le bon moment et la bonne méthode pour que cette proposition ne soit pas assassine au niveau psychique mais bénéfique à la personne et son entourage ? À trop vouloir anticiper la démarche palliative on prend le risque d’en banaliser la gravité. Soins palliatifs résonnent toujours aujourd’hui comme signant le caractère mortel d’une pathologie. Entre trop tôt et trop tard la véritable question est bien celle du comment. Prévoir le pire est de l’ordre de la bienveillance alors que prédire le pire est de l’ordre du maudire. La compréhension d’un mauvais pronostic relève d’un véritable cheminement psychologique dont le processus n’est pas prévisible. L’humain a besoin de se projeter. Nous devons lui permettre en accompagnant au présent les conséquences de sa maladie avec cette certitude que nous ne connaissons pas son avenir : nous pouvons le craindre, nous pouvons également espérer avec lui. Ce n’est pas mentir c’est éviter de médire.